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Transformation extrême – Les cerfs et les coupes forestières sont en voie de créer des forêts-parcs sur Anticosti

11 décembre 2014

On savait que le cerf de Virginie faisait la vie dure au sapin sur Anticosti. Les quelque 160 000 chevreuils qui y vivent se régalent de cette essence, en particulier l'hiver, réduisant sa régénération à deux fois rien. Au cours des dernières décennies, les vénérables sapinières de l'île ont été progressivement remplacées par des peuplements d'épinettes blanches, une espèce sur laquelle le cerf lève le museau. On prédisait d'ailleurs que ces pessières allaient devenir le nouveau visage forestier de l'île. Des chercheurs du Département des sciences du bois et de la forêt viennent toutefois de démontrer que les cerfs et les coupes forestières sont en voie de faire mentir cette prédiction. En effet, dans la dynamique actuelle, même les peuplements d'épinettes blanches de l'île ne sont pas en mesure de se régénérer, démontrent les travaux publiés par cette équipe dans un récent numéro de la revue Forest Ecology and Management

Martin Barrette, Louis Bélanger et Jean-Claude Ruel, du Département des sciences du bois et de la forêt, et Louis De Grandpré, du Service canadien des forêts, sont allés voir comment se portait la régénération dans les pessières d'Anticosti. Les inventaires qu'ils ont réalisés dans des forêts qui avaient été coupées six ans plus tôt montrent qu'on y trouve environ 300 jeunes arbres à l'hectare, alors qu'il en faudrait au minimum entre 500 et 1000 pour assurer la régénération de la pessière. 

Ce faible renouvellement n'est pas dû au passage de la machinerie forestière. En effet, des relevés effectués dans des pessières matures non coupées ont livré des résultats comparables. «Le niveau de régénération est si faible qu'on peut prédire une déforestation, avance Louis Bélanger. Des forêts-parcs, composées d'épinettes clairsemées entourées d'une strate herbacée, remplacent les pessières après une coupe.»

À quoi attribuer cette transformation? «Nous pensons que le sol des pessières n'est pas propice à la régénération des épinettes, poursuit le chercheur. Le lit de germination préféré des graines de cette espèce est le bois mort. Présentement, il n'y a pas suffisamment d'arbres morts au sol pour assurer un niveau adéquat de régénération.»

Selon Louis Bélanger, deux solutions s'offrent aux aménagistes forestiers pour recréer de véritables forêts d'épinettes sur Anticosti. «Dans l'immédiat, il faudrait replanter de jeunes épinettes. À plus long terme, on pourrait recourir à des coupes partielles de façon à conserver une bonne réserve de semenciers ainsi que des arbres matures qui fourniront de bons microsites de germination lorsqu'ils mourront dans quelques années.»

Article paru dans Le Fil par Jean Hamman

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Une pomme pour étudier la virulence du champignon qui cause la maladie hollandaise de l'orme

11 décembre 2014

Deux chercheurs du Département des sciences du bois et de la forêt ont découvert une méthode plutôt originale pour évaluer la virulence du champignon causant la maladie hollandaise de l'orme: ils font appel à des Golden Delicious! Cette pomme à pelure jaune produit une lésion brunâtre lorsqu'elle entre en contact avec le champignon. «Plus la surface attaquée est grande, plus la souche testée est virulente», explique le professeur Louis Bernier. Cette découverte, réalisée par la stagiaire postdoctorale Karine Plourde et le professeur Bernier, fait d'ailleurs l'objet d'un article dans un récent numéro de Plant Pathology.

Cette méthode peu conventionnelle offre une plus grande latitude aux chercheurs pour tester plus de souches de champignons. Traditionnellement, les essais de virulence s'effectuaient sur des plants d'orme. Or, cette méthode nécessite de grands espaces et beaucoup de temps pour cultiver les jeunes arbres. De plus, l'orme infecté ne développe des symptômes qu'au printemps et au début de l'été. Les chercheurs sont donc limités à ces périodes pour effectuer des essais. 

L'utilisation de la pomme Golden Delicious permet aux chercheurs de faire des tests à longueur d'année dans des installations qui exigent peu d'espace. Les chercheurs gagnent ainsi temps et argent. «Le recours aux pommes est 20 fois moins dispendieux que la méthode conventionnelle», estime le professeur Bernier. Par ailleurs, grâce à ce nouvel outil, les chercheurs peuvent faire une utilisation plus judicieuse des jeunes ormes. «On peut tester 50 souches différentes de champignons sur les pommes et sélectionner les plus intéressantes pour faire des essais sur les plants», explique le chercheur. 

Mais pourquoi cette variété de pomme? «La Golden Delicious est facile d'accès, explique-t-il. Nous n'avons qu'à appeler à l'épicerie pour en commander des boîtes à tout moment de l'année». De plus, la pelure réagit de façon marquée au champignon et sa couleur fait bien ressortir les lésions, ce qui n'est pas le cas des autres pommes. 

Le champignon au coeur des travaux de Louis Bernier est Ophiostoma novo-ulmi. Il cause la maladie hollandaise de l'orme lorsqu'il est introduit dans le système vasculaire (responsable de la circulation de la sève) de l'arbre par le scolyte de l'orme, un petit insecte ressemblant à un scarabée. Cette maladie a déjà tué plus d'un milliard d'arbres depuis le début du 20e siècle.

Article Paru dans Le Fil par Mélissa Côté